Manifeste du collectif Sans Cartel


Nous sommes le collectif Sans Cartel,
un collectif pluridisciplinaire œuvrant dans la scénographie, le design et la médiation culturelle.

Créé en 2020 par Charlène Dominguez, Marjolaine Guilloux et Jean Gondoux, le collectif est né de leur volonté commune d’offrir des expériences culturelles accessibles à un large public.
Charlène, scénographe diplômée de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs, Marjolaine, diplômée de l’École du Louvre et titulaire d’un Master de droit du patrimoine culturel, et Jean, menuisier-concepteur spécialisé en éco-conception et formé lors du Tour de France des Compagnons du Devoir, unissent leurs compétences et leur sensibilité pour croiser les regards et les approches dans les domaines de la création culturelle.

Leur complémentarité fait de Sans Cartel un véritable laboratoire d’idéation, alliant conception, fabrication et médiation au service de projets culturels innovants.

Nous sommes convaincus que développer le dialogue entre concepteur, fabricant et utilisateur lors de la création d’espaces scénographiques et muséaux permet, au-delà de l’identification des contraintes et attentes de chaque acteur, d’obtenir une vision intersubjective au service de la réalisation des projets.

Nous n’attribuons pas à notre collectif le mérite de porter les valeurs d’inclusion ou de respect de l’environnement comme un leitmotiv, car nous les considérons avant tout comme humaines, universelles et évidentes. Nous ne doutons pas que vous les partagez avec nous.

En réunissant les mondes de l’artisanat, du design, de la scénographie et de la médiation culturelle, nous cherchons simplement à mettre ces valeurs en pratique, en optimisant nos projets dans leurs rapports au monde.

Nous ne revendiquons pas l’objectivité absolue : notre vision en termes de création est une proposition, une théorie, un choix de lecture résultant de nos observations, expériences et compétences.

Sans Cartel a pour objectif de transmettre, restituer et diffuser les savoirs à travers des scénographies interactives.
Nous concevons notre collectif comme une interface mise à disposition des savoirs et des sachants.

Originaires de l’Allier, nous sommes convaincus de l’importance d’accroître la diversité de l’offre culturelle dans tous les territoires, et en particulier loin des grands centres urbains.
Pour nous, la présence de structures culturelles ne doit plus être l’apanage des villes, bien que nous ayons conscience des différents freins économiques et sociaux que de tels investissements peuvent représenter pour les petites communes.
C’est pourquoi Sans Cartel s’engage à permettre à tous types de lieux, même sans vocation muséale — écoles, centres culturels ou salles polyvalentes — de recevoir nos projets.

Sensibles à l’éveil culturel des plus jeunes, nous souhaitons offrir des outils pédagogiques et ludiques aux parents, éducateurs, professeurs ou tout autre accompagnant, afin de rendre chaque expérience vectrice de curiosité et de questionnement sur le monde qui nous entoure.
Pour nous, l’exposition n’est pas seulement le lieu des réponses aux interrogations que se pose un individu sur différents sujets ; c’est aussi un espace d’adhésion ou de désapprobation à une idée ou un fait, permettant ainsi la construction de la pensée critique.
Nous privilégions la médiation par l’expérimentation.
Par leur interactivité, nos projets se veulent multisensoriels : voir, écouter et faire, plutôt que lire un cartel d’exposition — souvent difficile à rédiger de manière didactique pour un large public.

Cette volonté représente la sémantique de notre nom : Sans Cartel.
Il exprime le fait de se détacher de la lecture des cartels pour comprendre ce que l’on voit, car les subtilités de l’expression ne peuvent toutes se traduire textuellement.
La simple lecture d’un texte pour comprendre un sujet écarte la possibilité de reformuler une notion non comprise ou complètement inconnue, n’invite pas nécessairement au dialogue et peut casser l’intention d’apprendre aux premiers termes non compris.
Toucher, regarder, dialoguer, expérimenter invitent à la discussion et augmentent les chances d’assimilation des sujets, en laissant plus de place aux émotions liées à la compréhension et en convoquant les différentes formes de mémoire.

Afin de toucher le plus grand nombre et de permettre aux structures accueillantes de recevoir nos expositions sans engager de besoins logistiques conséquents — parfois frein à l’accueil de projets — nous concevons des modules d’exposition déployables et rapidement utilisables.
La conception des supports de médiation est pensée de manière à permettre une prise en main rapide par les équipes de médiation lors de visites explicatives approfondies.
Notre réflexion s’accompagne d’une étude sur la faisabilité de l’utilisation de matériaux de réemploi, sans impliquer une éphémérité des dispositifs.
Nous sommes en recherche permanente d’optimisation de notre empreinte écologique, afin de contrôler, à notre échelle, les impacts environnementaux et sociaux négatifs du secteur culturel.

Il est très incertain d’affirmer que les activités culturelles deviendront neutres écologiquement, mais cette prise de conscience nous invite toutes et tous à repenser et à travailler de manière raisonnée : comment, par nos choix en termes de création, pouvons-nous garantir un équilibre entre nos émissions et le besoin essentiel de culture ?

Oui, la culture est essentielle, car au-delà du simple rôle de divertissement qu’on lui prête, elle est vectrice de lien social, provoque le débat, dynamise le secteur associatif et améliore la compréhension de notre monde.

Nous espérons ainsi agir de manière intergénérationnelle, éveiller la curiosité, donner la chance de l’apprentissage par l’expérience, améliorer le vivre-ensemble et surtout abolir la vision parfois élitiste des domaines artistiques, scientifiques et culturels.

C’est dans ce but que nous avons créé le collectif SANS CARTEL.